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Philippe Drix
Philippe Drix est venu en 2012 à une forme particulière de création artistique, qu'il nomme « photographie artéfactuelle », après avoir découvert un peu par hasard des procédés de transformation extrême de photographies numériques. Ces procédés lui permettent créer des images, qu'il théâtralise parfois en y apportant des éléments extérieurs, pour composer des scènes étranges et oniriques : le baroque numérique (selon l'heureuse expression de Régis Cotentin) est pour lui un moyen de réenchanter le réel. Simulacres numériques, ses photographies artéfactuelles incitent au phantasme en nous donnant à voir une réalité que nous créons nous-mêmes : elles appellent à l'évasion provisoire vers ces non-lieux que seul, l'œil peut habiter, mondes inconnus qui nous fréquentent à notre insu et dont la possession nous attire d'autant plus qu'elle nous échappe. Très influencé par le Stylus Phantasticus, un style de composition musicale baroque très en vogue au XVIIè siècle, basé sur l'improvisation et la prolifération exubérante, son style en est une sorte de transposition dans le monde pictural : en somme, comme l'a dit Pierre Soulages, «ce que je fais m'apprend ce que je cherche». La photographie artéfactuelle La photographie artéfactuelle est un art de création d'images numériques, artéfacts obtenus à partir de photographies profondément transformées. Si profondément, d'ailleurs, que la photographie artéfactuelle ne peut plus être vue comme un art de la photographie, n'ayant plus aucun rapport ni avec la sublimation de l'art de la prise de vue, ni avec le témoignage mémoriel du reporter héroïque. Fille du numérique, la photographie artéfactuelle n'est pourtant ni peinture numérique, ni photographie, ni photographisme ; elle nous donne à voir des images d'un genre nouveau, qui ne sont pas nécessairement abstraites, mais se rapprochent de la figuration allusive. Igor Mitoraj Le thème unique de l'œuvre du sculpteur Igor Mitoraj (1944-2014) est le corps humain, sa beauté et sa fragilité, sa nature imparfaite dans la souffrance de l'être. Ses sculptures, inspirées de la statuaire antique grecque, latine et même égyptienne, sont délibérément blessées, tronquées, écorchées, craquelés, cassées. Je lui ai consacré un travail de photographe plasticien, qui met en scène ses sculptures, dans des lieux blessés, écorchés, craquelés, ruinés, chaotiques, à l'état de vestiges ou en passe de l'être. |
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