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La création d'une œuvre est semblable a un grand amour. Au début un prémisse d'idée apparait comme un flash, une illumination. La fébrilité du renouveau s'empare de l'esprit, plus rien ne compte. Tant de promesses naissent et se dessinent. Puis vient le temps de la mise en place des éléments, on peaufine. Tout semble clair et limpide. C'est une question d'organisation pour arriver à ses fins. Exalté, on vit, on revit, on foisonne, on bouillonne et on fourmille. Les premières étapes se structurent, on échafaude, on calcule, on exulte. Parfois un doute s'installe, peut-être a t-on été trop vite, a t-on été trop impatient, trop présomptueux, trop impérieux. Le brouillard artistique laisse l'œuvre livrée à elle-même, en quarantaine. On la maudit, on la déteste et si on s'était égaré, fourvoyé? Un beau matin on décide de la reconquérir, de la contrecarrer, de la redompter, parce qu'après tout on est le maître! Très vite elle reparle à nouveau, repart à nouveau, à un rythme frénétique. Enfin le projet est terminé, l'heure du bilan est arrivé. Vient alors le temps de l'analyse, du contentement et du mécontentement. La dernière pierre du bonheur est posée. La réalisation est-elle conforme à l'enthousiasme et à l'espoir investis? Tous les défauts sautent aux yeux, on peste, on aurait dû faire comme ça ou comme ci, mais c'est trop tard, impossible de revenir en arrière. Alors on la remise dans un coin, on finit par ne plus la voir, par l'oublier. On se sent triste, vidé, démuni, orphelin. Et puis une idée revient, d'abord fugace, pleine de promesses. La vie est belle, tout est possible, une oeuvre à venir, passionnellement. Les tourments du passé sont oubliés, balayés, seule subsiste cette petite flamme, ce doux souvenir et on espère que l'émotion qui nous a tellement fait vibrer restera à jamais gravée, prisonnière de cette expression. Ainsi va l'amour de l'art et de la création…
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