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«Pour décrire son art, il faut commencer par décrire l’artiste. Pour décrire Anna bova il faut la nuit, un carnet, un stylo, une lampe qu’on allume, qu’on éteint, qu’on rallume, qu’on rééteint au fil des images convoquées…
Artiste complète, peintre, mosaïste et sculptrice, Anna est née en Russie, s’est formée dans l’art en Crimée et travaille en France depuis maintenant 14 ans . Quand je pense à Anna, je pense obstination, rigueur, opiniâtreté, saine colère, mais aussi fragilité, doute, sensibilité à fleur de peau, rire, théâtre et joie éclatante. Anna est faite de contrastes. L’œil est bleu (vert ? ), Pétillant, mais peut avoir aussi la couleur des ciels d’orage. Les sourcils froncés, la barre au milieu du front, le cheveu flou, et tout à coup, sans transition, le sourire qui éclaire tout et le rire qui fuse. Elle est l’image romanesque que je me fais d’une « âme russe » : mélancolie, nostalgie, extrême passion, théâtralité, désir, liberté et feu intérieur… Son atelier est une grotte, un refuge, un laboratoire secret où elle peint, dessine, colle, gratte, modèle, sculpte, caresse, poursuit… Des heures durant, au-delà de la fatigue, et des limites de son corps et de la matière qu’elle travaille, une forme, une idée, l’expression d’une joie, d’une colère, d’un désir, d’une pensée secrète et nécessaire. Quand je pense à son art, je vois son autoportrait au pastel d’huile, fidèle, sans concession, vague tristesse, solitude et mystère; je vois cet arbre rouge, seul, fier, petit, perdu et fragile et pourtant si puissant au milieu d’une lande désolée ; En résistance. Je vois ses animaux et ses poupées sculptés, pleins d’humour, clins d’œil à la tradition et l’imaginaire de son pays. Je vois ces pierres « impossibles » à tout autre, dont elle se fait défi de les plier à sa volonté. Je vois cette exploration infinie de la matière. L’exigence de la forme, la recherche de la courbe parfaite, de la « juste » couleur ou de la « juste » matière – non pas la « vraie », mais bien la « juste » : celle qui traduit et sublime le mieux l’émotion, les sentiments, la part intrinsèque de vitalité que portent en eux les gens, les animaux, les végétaux et même les objets ou les pierres. Peu importe l’idée, peu importe le sujet -le monde et les possibilités sont vastes- ce qui compte avant tout pour Anna c’est le geste artistique et sa capacité infinie d’expression et de création qui permet de supporter le monde et le temps qui passe, et sublimer la vie». « Animer la pierre, façonner des figures dans la matière tendre ou dure selon qu’il s’agisse de grès ou de marbre, à l’instar des Maîtres de la Renaissance Anna bova libère la forme emprisonnée à l’intérieur des blocs qu’elle taille. De l’ébauche à l’œuvre, du bout de ses ciseaux, elle affine ses silhouettes et donne vie aux éléments et créatures qui peuplent son imaginaire en les polissant patiemment pour en réchauffer l’âme… Elle dit elle-même : « Le mouvement dans l'immobilité, la chaleur dans le froid, le combat opposant l'idée à la matière… La vie éclot. Voilà ce qui m'anime lorsque je me mets à créer. » |
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