Visiteurs de ma galerie, voici deux poèmes sans prétention, écrits en 2006, exposés ici dans le secret espoir de vous faire partager quelques vibrations. S'ils éveillent par magie quelque écho en vous, n'hésitez pas à me le faire partager en retour. Merci d'avance.
«Le Tableau»
Choisir un format, une toile; emplir un grand panier de couleurs, de brosses, de couteaux; s'inspirer de modèles de maîtres pour lesquels
La pupille de votre œil a vibré; mettre un grand tablier face au grand chevalet bariolé par d'autres; et s'attaquer enfin à l'espace infini, par le trait, par les scintillements d'instinct de la palette.
Et penser à quelqu'un tout le long du chemin, à qui l'on offrira ce portrait, cette nature morte, ou bien ce paysage.
Déformer les couleurs pour exprimer son cœur.
Transposer l'harmonie que l'on devine en soi
En nuances subtiles ou en touches brutales.
Laisser sécher, tacher ses mains, reposer, retourner, repenser, redresser une courbe, atténuer un trait, remettre un peu de bleu
Pour rehausser le gris un peu trop bas du ciel.
Voilà que le rectangle accoste à son rivage.
Vient le temps de signer, de dater, de nommer.
Enfin le choix du cadre, et le choix du moment auquel le mieux donner.
Dans un grand emballage, le prendre sous son bras
Et monter dans un train.
Les couloirs du métro; le code; l'ascenseur; les baisers.
Enfin, voir le tableau accroché à sa place, fragment de cœur présent pour veiller sur les siens.
Claude Letey, Aix le 10.12.06.
«Gardienne de musée»
A l'aise elle arpentait les salles de l'expo
Dans son costume bleu, les deux mains dans le dos, à l'heure vide où l'on déjeune.
Je ne la vis qu'après qu'elle se fût postée
À mon épaule gauche et qu'elle m'eût souri.
Fasciné je copiais sur mon petit carnet
«Guitare et compotier» et j'ombrais les plans sombres.
Elle revint vers moi aux «Nus sur une plage»
Que je croquais aussi, dans un bruit de rideau contre un soleil trop cru.
- Vous faîtes des copies ?
- Ce n'est pas pour les vendre !
La voilà repartie, silencieuse hirondelle
Au léger accent blond des étudiantes slaves.
La revis chez Juan Gris et chez André Masson.
Mon épouse attendait dans la dernière salle, impatiente, amusée, curieuse de savoir
Laquelle j'ai préférée d'entre toutes ces toiles.
Elle était à côté d'un superbe tableau :
Dans un parc ombragé, des hommes en haut de forme
Et des femmes en chapeau s'attardaient en terrasse après le déjeuner, en couleurs vigoureuses et lumières brutales.
Sans la guerre de 14, et sans cette escarmouche, sans cette balle au cœur à moins de vingt-sept ans, August Marck aurait, sans doute, vécu cent ans.
Il aurait éclairé de ses huiles violentes
D'autres pans de murs blancs des musées de ce monde.
Et j'aurais pu croquer, d'autres heures durant
Ce qu'un collectionneur aurait aimé connaître, posséder et remettre, après lui, aux amateurs suivants.
Pour qu'une fois de plus je croise en dessinant
Le regard familier, séduisant, bienfaisant de la douce gardienne, je me replongerai dedans le catalogue…
Quand mon regard se repose
Sur elle oui je le pose
Pour un instant de pause
La belle alanguie elle ose
D'un mot elle me cause
Nuage devenu bien rose
Son visage est en cause
Quand mon regard se repose!
J'aime aussi beaucoup votre poésie
J'écris aussi quelques poèmes que vous pourrez lire si vous leur accordez quelques instants sur mon site soniamandel.com
Cordialement
Comme vous exprimez bien tout votre ressenti
Cette prose élégante coule comme un ruisseau
Serpentant au milieu de vertes prairies
Parcourant son chemin se riant des boisseaux
J'admire en vous cette délicatesse
Qu'a travers vos écrits brille comme un diamant
Les tableaux que vous faites se parent de promesses
Entre vos mains, deviendront des brillants
J'aime beaucoup l'idée que le tableau soit un fragment de coeur présent pour veiller sur les siens. C'est très beau ! ! ! C'est vrai que l'on laisse toujours un peu de soi dans nos toiles ! ! !