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Artus Maquis est un artiste pluridisciplinaire. Tout autant restaurateur de laques orientales que photographe, vidéaste, peintre et plasticien.
Dans les années 90 il a collaboré avec les magazines Vogue usa, Vanity Fair, Elle, Marie-Claire ainsi qu'avec l'agence Limelight Paris en tant que photographe de mode. Il fut un temps globe-trotter avec pour lieu de prédilection l’Australie où, fasciné par la lumière et la saturation des couleurs, il se fixa quelques années. Il affectionne particulièrement le Texas où il a de nombreux amis musiciens, l’Argentine et le Chili où il réalisa quelques reportages. Artus Maquis n’expose pas ou très peu. Il a montré ses photographies à Paris aux Bains-Douches en 1996 (Fashion Faces). Ses clients sont des collectionneurs privés. Artus Maquis s’intéresse à ce qui peut évoquer le passage de l'homme : objets usés et fatigués, traces de véhicules ou de chocs répétitifs imprimés sur divers matériaux, semblables à des scarifications dévoilant les gestes de ceux qui les Ont façonnées. L’artiste essaie d’attirer la vision du passant vers l'insignifiant, que celui-ci côtoie habituellement sans y prêter le moindre regard. Certains se souviennent encore de sa série « Vaudous Urbains », grands assemblages de signalétiques urbaines horizontales sur des panneaux de bois récupérés dans les combles d'immeubles des années 50. Installé actuellement dans son atelier du Perche, Artus travaille aujourd'hui avec les capsules multicolores de la marque de café Nespresso. Il les compresse une à une pour former sa palette de couleurs. Il se sert même de temps à autre du café utilisé par les Consommateurs anonymes, le mélange à des colles, des pigment et des Résines pour en faire la matière de certains de ses tableaux. Toutes ces capsules paraissent identiques hormis leur couleur. Il n'en est rien. Suite aux écrasements et tortures qu'Artus leur applique, chacune d'entre elles devient une pièce Unique qui fait écho au moment intime qu’a passé un amateur de café à la déguster, seul ou en compagnie, partageant ainsi des réflexions et des conversations éphémères qui s'ébruitent telles d’exquises rumeurs. Artus travaille actuellement sur un langage obsolète similaire à un code autiste dont lui seul a la clé, proposant un nouveau regard sur quelques textes ou phrases célèbres. Qui se dissimule derrière la Capsule ? En une sorte de salut, réfutant la mort de l’objet, Artus Maquis rudoie la matière pour mieux la ressusciter. Excluant le terme létal, il concasse, malaxe et refaçonne. Dans l’univers de rescapés enfanté par l’artiste on décèle des portières de voitures criblées de balles, quelques débris d’habitacles et toutes sortes de matériaux détériorés auxquels il offre un second souffle. Parmi ses multiples trouvailles, Artus affectionne particulièrement les lambeaux de signalisation routière usagés qu’il arrache au Macadam et dont il se sert pour baliser ses tableaux de bois en un faisceau de graphèmes à son image. Il rend aujourd’hui hommage aux capsules Nespresso hors d’usage. Après que d’anonymes consommateurs aient eu raison de leur sort, faisant son affaire de leur infortune, il revalorise ces dernières en leur donnant la place d’honneur dans des assemblages simples et réguliers. Au gré de ses états d’âmes, il en désagrège la substance, réduit la poudre de café en particules et tel du khôl l’amalgame à divers liants, pigments et résines pour former la matière de ses toiles. Se faisant sauveteur, en une explosion d’hosties colorées, il tire de l’oubli le fragile ustensile qu’il plonge dans l’immortalité de labyrinthes et de crucifix vierges de tout supplicié. Réhabiliter l’objet, le mettre sous bonne garde avant que la vie ne se charge de l’anéantir, c’est là sa façon de jouir de l’instant et d’offenser la temporalité. Christina Davis Artus maquis est un solitaire qui aime peindre, créer, décorer dans un isolement quasi monacal. Il n’est pas perméable aux influences des courants artistiques qui agitent aujourd’hui l‘univers de l’art contemporain. Dès lors, dans le silence de la création, il peint. Ou plutôt, il s’empare d’objets, simples vynils 45 tours ou prochainement 78 tours, non pas pour leur usage, à savoir pour écouter de la musique, mais pour leur donner une seconde vie ou leur rendre un statut de symbole d’un monde perdu depuis longtemps. Et voici les capsules de Nespresso! Nous découvrons avec stupeur que ces dosettes ont une jolie forme, une belle couleur et que le jeu de leur composition est du plus bel effet sur une toile de notre fabricateur! La solitude de la création est le terreau dont Artus maquis ne pourrait en aucun cas se passer. Une grande sérénité, une beauté ordonnée, une disposition symétrique des objets et des symboles mais aussi une grande force créative, ainsi se résume le talent d’Artus maquis. A cela s’ajoutent quelques références (légères… ) À l’ Art Aborigène, à Keith Haring, à la biologie (spunk movement) qui peut faire penser aux mouvements désordonnés des spermatozoïdes dans leur course effrénée vers l’ovule, la relecture des quelques grands symboles De notre civilisation chrétienne (la croix) ou le symbole Peace and Love rebaptisé par Artus maquis « Love and Peace », symbole de paix s’il en est. Aucun thème, aucun tabou, aucune référence ne sont susceptibles d’échapper au regard de l’artiste. Il donne un nom à ses oeuvres, ce qui nous apporte un éclairage subtil, mais ce ne sont que des titres! Nous sommes dans la récupération, le recyclage, Artus Maquis souhaite le bonheur à l’humanité, débarrassée de ses scories et de ses rejets toxiques. Alors, sans haine, sans heurts, sans revendications politiques de quelque nature, il nous démontre que, finalement, tout est possible. Avec quelques capsules, de la couleur, de la patience et du talent (beaucoup), tout peut s’arranger, tout peut devenir beau. Jacques mauguin |
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