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Daniel Ntontolo dit Ntota a presque l'âge de l'école de peinture de Poto-Poto. Il est né en 1950 à Bacongo (Brazzaville). Il a fait les premières années de l'école à Loudima, puis à Louingui auprès de son oncle, a la mort de ce dernier, il fréquente successivement l'école protestante de Bacongo et celle de Mantsimou. Par manque de soutiens, il ne peu poursuivre ses études, il se rend au village Mafoussi auprès de sa famille maternelle puis à Moulenda où réside sa famille paternelle.
Complètement désoeuvré, il bât la campagne, puis se livre à la chasse et à la pêche. Il dessine partout, notamment sur les murs de la boutique de son cousin. Un jour, un client remarque ses dons et lui conseille de retourner à Brazzaville pour suivre une école de dessin. Mais ne sachant à qui s'adresser, il aide un parent à vendre quelques articles au marché. En 1969, Ntota rencontre un ancien collègue de l'école de Bacongo; ce dernier lui parle de l'école de peinture de Poto-Poto. Mais Leon Filla n'y enseignait plus le dessin. Il se présente neanmoins sous le toit de la célèbre case de Moungali. Zigoma l'accueille. Ombala et crispin l'y avaient précédé. Il commence par le matériel le plus rudimentaire: le cahier et le crayon, Zigoma le suit. Il accède ensuite à la gouache, Après plusieurs mois d'essai, il vend une sélection de gouaches: puis passe à la peinture à l'huile. Peu à peu Ntota affirme sa personnalité. Etant si jeune, il étonne par la vigueur de son coup de pinceau, la science des couleurs, il est d'abord hanté par les souvenirs du village et ses vagabondages à travers la brousse, on Trouve parmi ses premières toiles les sujets suivants: «Après la pluie dans la forêt», «Le rat pris au piège», «Le champ d'arachides», » La mère et ses jumelles». Il assume le passé en traitant des sujets traditionels; «Masque fétiches», «Masque de danse», «Masque Bakota». Pour le vingtième anniverssaire de l'école de Poto-Poto en 1972, il participe à deux expositions des peintres de Poto-Poto. L'une à lieu au centre culturel Français de Brazzaville, l'autre au centre culturel de Kinshasa. Au cours de ces expositions, Ntota reçoit beaucoup d'encouragements de la part des visiteurs qui voient en lui un grand peintre en herbe. Marcel Gotene de retour d'Aubusson sera impressionné par la qualité de son art. Ntota excelle dans le style figuratif autant que dans le style abstrait; il réalise parfois des compositions hardies, toutes en couleurs et en plans, relevant d'une sorte d'abstraction constructiviste. C'est le cas du tableau intitulé » La case du chef» (1974). L'homme est confondu avec son décor et l'ensemble éclate en éléménts distincts, qui requièrent une sorte d'autonomie accentuée par les différences de couleurs et la diversification des plans. Au centre du tableau, c'est le sol avec du feu, une grosse pipe jaillit d'un mur, tout le reste exprime l'opulence du grand dinitaire. Il utilise souvent le rouge carmin dans la peinture abstraite, le jaune citron, le bleu d'outre-mer et le vert dans ses paysages. Le visage est souvent peint en marron: Il aborde des sujets moins conventionnels comme «L'ouvrier et le patron» (1974) dans le cadre de la lutte des classes. Il ne fait ni portrait ni natures mortes: c'est dans la tradition de l'école depuis Lods. Ntota admire Zigoma parmi les peintres Congolais et Salvador Dali parmi les peintres étrangers, pour leurs couleurs et l'originalité de leur art. Ce jeune peintre est incontestablement l'un des plus prometteurs de la deuxième génération des peintres de Poto-Poto. Par tati-loutard Littérature - Art (Etumba) Brazzaville. Fusion des couleurs et liberté des formes. La peinture de Ntota, un africain congolais, possède les vibrations fortes d'un opéra où les notes éclatent en volutes de couleurs. Ntota a composé sa musique en 3 actes: les toiles, les dessins et les panneaux (dont de très belles peaux de crocodile transformées en rivages colorés). Avec cet équilibre des masses géométriques qui se croisent entre elles ou fusionnent, Ntota raconte sur un air de fête les tribulations de l'homme dans l'univers et ses divers combats avec les éléments qui l'entourent. Devant l'expression secrète, profonde ou provocante des thèmes abordés, on ne peut plus que rejeter cette boutade de Picasso. «L'art africain ? Connais pas». En effet il existe bien un art africain. Même s'il est passé dans un bain européen, il reste authentique. Avec des masques, un bestiaire étonnamment riche, ce peintre nous invite à découvrir l'Afrique et ses mystères dans des gestes quotidiens où le souffle de la magie passe avec retenue. Dans ces regards où perce l'interrogation de la vie, dans ces envolées mythiques d'animaux, dans ces compositions où la sensibilité sensuelle du peintre se laisse pudiquement deviner, Ntota parvient à nous communiquer sa joie de vivre et son amour passionné de la terre. En écoutant battre le cœur de ces tableaux au rythme d'une respiration qui pourrait être la nôtre, nait une émotion faite de respect, de curiosité et de tendresse. Son «déménagement» construit dans l'allégresse de l'événement et le désordre organisé des objets en cavale constitue un heureux exemple de ce paradoxe créé entre l'emboitement des formes et la liberté des mouvements. L'art africain a influencé plus d'un peintre: Braque (dans ses petites sculptures) Derain et surtout Fernand Léger qui reproduisit fidèlement un masque Baoulé pour le ballet «La création du monde». Solange Strimon. (Les nouvelles affiches de Marseille) Ntota: Peintre de toujours Ne demandez pas à Ntota, depuis quand il est entré en peinture, il ne le sait pas. Depuis l'aube des temps probablement. Demandez lui plutôt pourquoi il peint. Par nécessité, pour préserver son équilibre mental, pour exprimer la vie, l'angoisse, la joie… Fusion des couleurs et liberté des formes. La peinture de Ntota oscille entre figuratif et sur-réalisme au gré des pensées du peintre. Difficile à définir, tant son inspiration est vaste, elle séduit autant qu'elle inquiète. Comme cette «danse des courgettes» ou cette «baignade des éléphants». Retour en arrière, au Congo. Ntota né en 1950 à Brazzaville, d'une mère paysanne et d'un père chauffeur dans l'administration, dessine partout: mur, sol… Le gamin est doué, mais par manque de soutien, il ne peut poursuivre ses études. Puis comme dans les contes de fées, tout change. C'est la rencontre avec un ancien collègue d'école, son entrée à l'école de peinture de Poto-poto en 1969, son initiation par des maîtres africains célèbres comme Zigoma, Ondongo, Iloki, Bela et Ngavouka. Les premières expositions… Et le départ pour Marseille en 1977. Remarqué par le conseiller culturel de France au Congo, il obtient une bourse pour l'école des beaux Arts à Marseille. Il continue à peindre à sa manière en solitaire. Il expose, à la Cadrerie, au Musépict, à la Maison de l'Etranger, à l'ESC Marseille, à la Marie du 8ème et du 9ème arrondissement de Marseille, au festival d'Art africain à Marssillargues, à la Mutuelle marine à Toulon, à Salon de Provence… D'inspiration africaine au départ, ses toiles glissent lentement vers davantage d'universalité. De l'abstrait, elles passent au figuratif et au surréalisme. Tranquillement, sans faire du bruit, Ntota commence à acquérir un début de notoriété. Non comme peintre africain… Mais comme artiste peintre tout simplement. Jip (journal interne du personnel de la ccimp Marseille) Une peinture typiquement africaine Si l'on n'a pas attendu aujourd'hui pour savoir que l'Art Africain exerce depuis toujours une mystérieuse fascination et qu'il fut l'un des grands inspirateurs du cubisme, nous en étions encore à attendre que la jeune peinture africaine se manifeste à travers tel ou tel artiste décidé à retrouver sa propre indentité. Il n'avait pas manqué d'étudiants noirs dans nos écoles des Beaux Arts, mais la plupart, ils s'étaient coulés dans le moule occidental et aucun n'était parvenu, que je sache, à sortir de la formation occidentale reçue chez nous. Et puis Ntota a accroché quelques toiles à la cadrerie et j'ai découvert, éberlué, que la peinture Africaine existait ou du moins qu'elle était en train de naitre. En France depuis 1977, ce jeune congolais a eu la chance de recevoir une bonne formation dans une école de Brazzaville fondée par un européen. Par la suite; il a compris qu'il devait oublier les leçons pour aller vers la recherche d'une expression typiquement africaine. Pour cela il devait tirer l'enseignement de la tradition, mais surtout s'efforcer de découvrir l'essence même d'un art séculaire afin d'alimenter sa propre écriture. Les masques et leur pouvoir facinateur, le découpage des formes en aplats géometriques, la musique des riches couleurs, la construction harmonieuse faite de triangles, de cercles, de cônes, de pyramides, tout cela tend à reconstituer une sorte de symbolique mystérieuse le plus souvent abstraite mais étonnamment éloquente. Ntota ne peuit oublier l'importance émotionnelle de la couleur qui l'a marqué dans son enfance. Là bas, tout est couleur, dit-il, la nature les ciels les vêtements des gens et il ya une sorte de bouillonnement volcanique des coloris. Sa peinture restitue donc ces sonorités chromatiques avec un profond souci des harmonies. Jamais rien d'agressif comme c'est trop souvent le cas dans certain art oriental. Pour Ntota ce qui compte c'est ce que Fénéon appelait» les accointances des tons». Sur un fond de brun rouge, il dresse tout un monde de formes qui s'imbiquent, se lient et se délient; on y voit un croissant bleu, des arabesques mauves, des arcs de cercle jaune que complète une mosaïque de taches noires, vertes ponctuées de blanc et de safran. Bien sûr, la texture profonde de cette peinture n'est pas sans évoquer Fernand Leger, mais qui pourrait se flatter de n'avoir reçu aucune influence et, ici la vision traduit finalement l'Afique noire dans son âme la plus secrète. Pour une première exposition à Marseille, Ntota devrait emporter l'unanimité des suffrages dans une galerie dont les portes lui ont été ouvertes par sa femme Catherine Cadilhac qui présenta ses toiles à plusieurs reprise, ces récentes années. H. B-g (Les nouvelles affiches de Marseille 1983) Www.ntota.odexpo.cm |
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